Politique & Collectivités

La guerre en Ukraine et l'insécurité alimentaire

Julien Brun / Publié le 13:14 16.11.2022


Le ministre a ouvert son discours en évoquant l'impact de la guerre d'agression russe en Ukraine, notamment sur les partenaires de la Coopération luxembourgeoise à travers le monde. Ainsi, après que la pandémie de la COVID-19 avait déjà entraîné des rechutes importantes en matière de pauvreté, de nutrition, d'éducation et de sécurité dans de nombreux pays en voie de développement, la guerre a poussé des millions de personnes de plus au bord de la famine.

Dans ce contexte, le ministre Fayot a souligné les efforts renforcés que la Coopération luxembourgeoise a entamés pour faire face à l'insécurité alimentaire, tant dans son action humanitaire, pour lutter contre la faim aiguë, que dans les projets de coopération au développement, pour rendre les systèmes alimentaires plus résilients à long terme. Alors que le Luxembourg a déjà investi environ 40 millions d'euros dans l'agriculture durable et l'accès aux denrées alimentaires en 2021, ce montant s'élèvera à plus de 60 millions d'euros en 2022, ce qui représente plus de 10% de l'aide publique au développement (APD).

Action humanitaire

Franz Fayot a également abordé les défis qui se posent dans le domaine humanitaire, ainsi que la réponse de la Coopération luxembourgeoise à cette situation. Avec non moins de 274 millions de personnes ayant besoin d'assistance humanitaire et de protection selon les Nations unies, le Luxembourg s'engage à consacrer à l'avenir au moins 15% de son APD à des fins humanitaires. Cet engagement s'inscrit dans la nouvelle stratégie de l'Action humanitaire publiée en 2022, qui permettra à l'Action humanitaire luxembourgeoise d'agir de manière plus ciblée et efficace autour de 6 priorités stratégiques, 6 thématiques horizontales et 50 points d'action.

Afin de mettre davantage à contribution les atouts et l'expertise du Luxembourg en matière d'innovation et d'action humanitaire, le ministre Fayot a par ailleurs annoncé que le Luxembourg accueillera la première édition d'un programme d'accélération international (Humanitarian Innovation Accelerator) en juin 2023, organisé en collaboration avec le Programme alimentaire mondial, qui visera à trouver et à développer de nouvelles solutions aux urgences humanitaires.

Coopération bilatérale

Le ministre Fayot a ensuite fait le point sur les activités au niveau de la coopération bilatérale. Force est de constater que la situation est instable dans de nombreux pays partenaires de la Coopération luxembourgeoise. Cela se manifeste surtout dans la région du Sahel, où les nombreuses crises liées au changement climatique, à la malnutrition et au contexte sécuritaire se cumulent. Si le Sénégal et le Niger restent des partenaires fiables malgré l'insécurité croissante et que la mise en œuvre des programmes indicatifs de coopération (PIC) se poursuit comme prévu, la situation au Burkina Faso, qui a subi deux coups militaires en 2022, et au Mali reste préoccupante. Dans ces deux pays, la coopération au développement se poursuivra sur la base de stratégies de transition. Dans ce cadre, le ministre a souligné que la sécurité du personnel sur place était une priorité absolue et que le ministère des Affaires étrangères et européennes veillait à tout moment à ce que les mesures de sécurité nécessaires soient prises.

Franz Fayot a également présenté l'orientation future de la coopération au développement bilatérale. Ainsi, compte tenu de la situation difficile dans de nombreux pays partenaires et dans le but de diversifier les activités de Coopération luxembourgeoise sur le continent africain, le Luxembourg intensifiera ses relations avec le Rwanda et le Bénin. Ici, les projets viseront notamment à promouvoir l'État de droit et la bonne gouvernance, une agriculture et une sécurité alimentaire durable ainsi que l'accès amélioré à la finance inclusive au bénéfice des paysans. En Amérique centrale, une réorientation a lieu après que le Luxembourg avait mis fin à ses relations de coopération au développement bilatérales au Nicaragua en 2019. Ainsi, une coopération régionale plus poussée sera promue, tout comme une collaboration renforcée avec le Costa Rica qui soutiendra cette coopération triangulaire et Sud-Sud. Le Luxembourg suit ainsi l'exemple d'autres États membres de l'Union européenne, qui opèrent également depuis San José.

Droits humains

Lors de son discours, le ministre a rappelé l'importance que la Coopération luxembourgeoise accorde au respect des droits humains dans toutes ses interventions. Afin de renforcer son engagement et son impact dans ce domaine, la Coopération luxembourgeoise prévoit d'augmenter à l'avenir le budget alloué aux projets qui promeuvent spécifiquement la protection des droits humains.

Dans ce contexte, Franz Fayot a annoncé que les droits humains, tout comme la sécurité alimentaire, seront des sujets prioritaires lors des Assises de la coopération qui se tiendront en décembre.

Organisations non gouvernementales de développement

En soulignant le rôle important que jouent les organisations non gouvernementales de développement (ONGD) dans la mise en œuvre d'une coopération au développement durable, le ministre a annoncé que la Coopération luxembourgeoise renforcera son soutien aux ONGD. Elle renforcera ainsi sa contribution à la prise en charge de leurs frais administratifs réels à travers une augmentation du plafond pris en compte de 14 à 15%.

Prévisions budgétaires

À la fin de sa déclaration, le ministre a présenté les prévisions budgétaires aux députés. Malgré la situation économique, il est probable que l'APD dépassera pour la première fois les 500 millions d'euros.

Communiqué par le ministère des Affaires étrangères et européennes et la Direction de la coopération au développement et de l'action humanitaire

Chambre des Députés

Franz Fayot