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Bettembourg sur la bonne voie

Laurent / Publié le 16:19 10.10.2022 | 05 min


Josée Lorsché, députée et première échevine dans la commune de Bettembourg, y est la coordinatrice du Pacte Climat 2.0. Elle nous parle de la transition énergétique au niveau local. Un vrai défi, sachant que de nombreux sites sont classés au patrimoine architectural. La commune recueille déjà le fruit des premières mesures entreprises ces dernières années.

Où en êtes-vous au niveau du Pacte Climat?

Le pacte climat englobe beaucoup de volets; en ce qui concerne les réductions en CO2, les analyses précises ont débuté en 2013 avec la mise en œuvre de la première loi sur ce Pacte Climat. A partir de cette année-là, la moyenne des réductions a été de 1,5% par an et n’a fait qu’augmenter par la suite. Nous sommes sur la bonne voie, l’objectif étant de réaliser une réduction de 50% à 55% d’ici 2030, tel qu’il est également prévu dans le Plan national Énergie-Climat 2021-2030. Ainsi, nous devons petit à petit devenir indépendants des énergies fossiles afin d’atteindre la neutralité climatique à l’horizon 2050.

Quelle est votre stratégie pour y arriver?

On cherche à diminuer les consommations énergétiques basées sur les énergies fossiles dans tous les secteurs. Au niveau communal, l’une des actions pour y arriver consiste à améliorer la performance énergétique des bâtiments publics et à exploiter le potentiel des énergies renouvelables. En ce sens, la construction d’une nouvelle centrale de cogénération avec réseau de chauffage urbain a été un projet innovant, éco-responsable et durable répondant parfaitement aux objectifs du Pacte Climat. Cette centrale fonctionne sur base de pellets en bois et alimente 17 bâtiments, y compris des logements sociaux, et a déjà largement contribué à la réduction des émissions des gaz à effet de serre : 1.600 tonnes de CO2 par an. La centrale a été mise en fonction en septembre 2018 avec un investissement de 5,6 millions d’euros. Sa production énergétique est de 9.500.000 kWh/année pour l’énergie thermique et de 2.450.000 kWh/année pour l’énergie électrique. En ce qui concerne les constructions récentes, de même que celles qui sont en cours, celles-ci sont équipées de panneaux photovoltaïques et d’un système de géothermie qui permet de produire l’énergie nécessaire à partir de la chaleur de la terre.

Plusieurs bâtiments publics sont classés au patrimoine. Quels sont-ils? Ce ne doit pas être évident à rénover…cela pose-t'il problème ?

Le Château Collart (administration communale et annexes), le Centre Louis Ganser près de l’église, l’école « Schoul am Duerf » près de l’église, la Villa Jacquinot, route de Mondorf, le Bâtiment « Al Gemeng », anciennement administration communale et actuellement maison relais pour les élèves de l’école fondamentale, le Haff Bredimus à Huncherange, une ancienne ferme rénovée à des fins de logement social et une maison unifamiliale appartenant à la commune - rue Collart à Bettembourg. Plus toutes les chapelles et églises. C’est effectivement plus compliqué de rénover certains endroits. C’est notamment le cas de l’administration communale, qui se situe dans un ancien château. On ne peut pas réaliser rapidement tous les travaux dans un court délai et selon des critères uniquement écologiques. Ainsi, il y a des éléments qui ne peuvent pas être modifiés, car ils sont protégés et appartiennent au patrimoine. Je pense par exemple à certaines portes intérieures, dont une des principales portes d’entrée, qui sont d’époque. Nous devons améliorer la performance énergétique de ce bâtiment et bien d’autres, mais cela prendra plus de temps et cela exige des solutions éco-responsables, compatibles avec la protection du patrimoine architectural. Déménager ? Non, ce n’est pas prévu. On reste évidemment fiers de notre richesse historique et culturelle. Un autre défi se pose depuis longtemps au niveau du centre sportif et d’autres bâtiments qui datent des années 70 ou même avant. On ne peut pas les fermer complètement, comme ça, d’un coup de baguette, et les rénover d’un seul coup. Sinon, on mettrait les clubs et leurs affiliés en difficulté, car aucune infrastructure ne serait à leur disposition pendant les temps de rénovation.

Les prix de l'énergie flambent. Comment vivez vous cette crise?

La centrale de cogénération fonctionne sur base de pellets en bois. Le coût de cette source d’énergie propre et renouvelable a certes augmenté depuis quelques mois, mais de façon moins importante que celui des énergies fossiles. On parle ici d’une hausse de 5% environ, contre 15% à 20% pour les énergies fossiles. On ne regrette donc pas notre choix. Néanmoins, il faut avouer que la crise complique la situation. Pour réaliser certains travaux, nous avons connu des retards de livraison et une hausse importante des prix de certains matériaux.

Si les coûts augmentent cela signifie-t-il qu’il faut s’attendre à avoir moins de projets à Bettembourg dans le futur ?

Non, justement. Au contraire, la commune doit jouer son rôle et montrer l’exemple comme acteur public. Il faut investir, car cela évite des retards aux futures générations et engendre des emplois. Ce qui permet aux entreprises et à l’économie de fonctionner. Nous devons poursuivre les investissements. On ne peut pas devenir inactifs.

Quel est justement le prochain “gros” projet de la commune ?

Il y en a plusieurs. D’abord la construction d’un nouveau campus scolaire à Bettembourg qui vient de débuter et un deuxième qui est planifié à Noertzange. S’y ajoutent de nouveaux halls pour les besoins du service des régies, les travaux arrivent à leur achèvement. Sur un terrain de 2,1 hectares, cette infrastructure comprendra en fait quatre halls : un bâtiment central et trois entrepôts attenants. Dans le bâtiment principal se trouveront, outre des bureaux et une salle de réunion, une cantine pour les collaborateurs et des vestiaires. Dans le prolongement du bâtiment principal, on aura les ateliers : la serrurerie, la floriculture, l’horticulture, la taille de pierre et la menuiserie, mais également une station de lavage pour le parc automobile et un dépôt pour les composants. Pour la construction des halls, seuls seront utilisés des matériaux écologiques et recyclables, le but étant de décrocher une certification de la DGNB (Deutsche Gesellschaft für nachhaltiges Bauen) de très haut niveau. Dans cet ordre d’idées, l’eau de pluie s’écoulant du toit sera récoltée et utilisée pour le nettoyage des véhicules et l’arrosage des plantations. 90% de l’infrastructure seront approvisionnés par la géothermie. Le recours au gaz ne sera nécessaire qu’en cas de température extrêmement basse en hiver. Les gros travaux se déroulent comme prévu et devraient se terminer pour fin 2022. Les coûts sont estimés à 32.000.000 €.

Des travaux importants sont en cours à la gare. Où en êtes-vous actuellement ?

La rénovation de la gare se poursuit, avec la construction d’une nouvelle ligne à 2 voies, sur une distance de 7 km entre Bettembourg et Luxembourg-ville et la mise en place d’un quai supplémentaire. Une passerelle va relier le Parc Jacquinot à proximité de la route de Mondorf et de la Maison des Soins « an de wisen » avec le quartier situé autour du hall sportif. Elle va permettre aux piétons et cyclistes de franchir les rails en toute sécurité par voie directe, sans avoir besoin d’emprunter une quelconque route. Ainsi, ce projet est destiné à promouvoir la mobilité douce en la rendant plus sûre et plus agréable, à l’instar d’autres projets en cours.

Quelles infrastructures pour la mobilité douce?

Une grande piste cyclable est en construction et sera achevée à court terme. Elle relie la route de Peppange avec celle de Luxembourg. Une autre nouvelle piste cyclable et piétonnière sécurisée est déjà achevée, sauf une partie du revêtement final. Sa liaison vers la piste cyclable en direction de Kayl se trouve à la sortie de Noertzange, en direction du « Äppelwee ». Le chemin piétonnier reliant la localité de Bettembourg avec celle de Fennange a déjà été élargi au niveau du pont de façon à permettre aux cyclistes de partager la voie avec les piétons et de ne plus être obligés de circuler sur la route. Via Dudelange, deux pistes cyclables ont été construites, l’une à partir de la rue de la Ferme et l’autre à partir de la Celula, longeant la route de Dudelange et traversant la zone industrielle sur un tronçon sécurisé. La rue de Livange sera réglementée dès la fin du chantier actuel de façon à y mettre en place une voie cyclable qui donne la priorité aux cyclistes. Par ailleurs, une piste cyclable est planifiée sur la route de Mondorf en direction du Parc merveilleux, depuis Abweiler en direction de Leudelange. Enfin, une voie « vélo-express » est actuellement en construction à partir de Bettembourg via Kockelscheuer, la Cloche d’or et Hesperange et sera bientôt achevée.

Bettembourg, c’est aussi une ville verte ?

Oui, bien sûr. Nous travaillons sur la protection des parcs naturels afin de favoriser la biodiversité. Nous tenons un cadastre des différents arbres de la commune qui permet, d’une part, de les repérer et d’autre part, de suivre leur état sur le plan de leur sécurité et de leur santé. Sans oublier l’installation des bacs à fleurs, de vivaces et d’arbres qui sont disposés dans tous les quartiers résidentiels. Cela a un impact sur l’environnement, car ces plantations favorisent le développement de la biodiversité en milieu urbain. De plus, la commune encourage les citoyens qui veulent planter des arbres, des haies ou des vivaces dans leurs jardins privés, plutôt que de laisser des pierres et du béton. En ce sens, des primes communales pouvant aller jusqu'à 500 euros sont accordées pour l’achat de certaines plantes et jusqu’à 3.000 euros pour les travaux relatifs à l’élimination de pierres devant les maisons. Je termine en disant qu’en tant qu’ancienne enseignante, je pense que l’avenir passe également par l’éducation de nos enfants. Ainsi, nous encourageons et finançons des projets pédagogiques pour apprendre aux élèves de la commune à jardiner et nous les sensibilisons au développement durable.