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Couleurs arc-en-ciel

Julien Brun / Publié le 12:26 21.12.2022


L’estime de soi à travers les intelligences multiples. Voici le thème principal du livre de Céline François, jeune auteur qui essaie de garder un juste équilibre entre la magie de l’histoire et l’apport théorique dans le but d’éveiller les potentiels que l’on a chacun en nous et qui sont présents dès l’enfance. Inspiré des travaux d’Howard Gardner, et des intelligences multiples, Couleurs arc-en-ciel porte le message que l’on est tous unique et compétent et que rien ne doit jamais nous laisser penser le contraire. Le livre s’adresse à toutes les filles et les garçons à partir de 7 ans.

Qui êtes-vous ?

Éducatrice spécialisée de formation, je suis passionnée par le monde de l’enfance et de la littérature jeunesse. Depuis 2016, j’exerce cette passion au Grand-Duché du Luxembourg avec des enfants de 2 mois à 4 ans dans diverses structures d’accueil de la petite enfance. Le contact avec les enfants est fascinant. J’aime les observer dans leur évolution, les accompagner dans leurs découvertes et expériences et surtout tisser des expériences solides tant avec les enfants qu’avec les familles.

J’adore apprendre. Je suis de nature très curieuse, et c’est pourquoi j’ai suivi ces dernières années diverses formations en m’intéressant aux pédagogies alternatives, aux ateliers de massages bien-être du bébé, au Snoezelen, etc. J’aime également concevoir des activités autour des albums jeunesse pour susciter l’intérêt et l’émerveillement des enfants.

Riche de toutes ces belles expériences, j’ai eu l’envie et le besoin durant la crise sanitaire liée à la COVID 19 de créer des passerelles entre mes découvertes, ma pratique, les apports théoriques, mes passions et mes valeurs personnelles. J’ai créé un blog où j’ouvre ma bibliothèque aux visiteurs pour partager autour de mes livres coup de cœur et activités en lien avec des albums jeunesse. Ce blog a un double objectif. D’une part, il me permet de m’exprimer sur des sujets qui me font sens à travers cette littérature spécifique, et d’autres part de faire grandir une petite communauté de passionnés pour donner de la visibilité à mon projet d’écriture.

Pourquoi vous-êtes vous lancé dans l’écriture et notamment la littérature jeunesse ?

Pendant le confinement instauré lors de la crise sanitaire, j’ai œuvré en ce sens. J'ai appris quelques notions de couture pour réaliser des supports d’animations en tissu, des tabliers à comptines, etc. J’ai réalisé des histoires kamishibaïs, participé à des challenges entre enthousiastes. J’ai participé à des « SWAT » avec d’autres professionnels de l’enfance. C’était exaltant ! Le but du jeu était d’élaborer un support d’animation pour une autre personne que l’on ne connaît pas en lien avec les albums jeunesse avec comme fil conducteur un thème commun. Dans cet exercice, la créativité de chacun est mise en avant. On cherche à se dépasser pour faire plaisir et surprendre son « binôme inconnu ». Ces expériences m’ont beaucoup fait grandir. Se retrouver à plusieurs autour d’une même passion est « porteur ». Petit à petit, l’envie de créer mon « histoire » s’est fait sentir. J’ai d’abord réalisé plusieurs petites histoires kamishibaïs dont un premier projet autour des émotions. Puis j’ai ressenti l’envie de parler d’un sujet plus personnel.

Faut-il voir dans la transmission générationnelle un élément autobiographique de l’auteur ?

Oui, bien sûr. Cela m’aurait beaucoup aidé de lire mon livre durant mon enfance. J’étais une petite fille peu sûre d’elle, rêveuse, maladroite, nulle en mathématique et en langue, etc. Je représentais toutes ces étiquettes que l’on m’a inconsciemment données. J’ai grandi avec. Certaines ont presque disparu à l’âge adulte et d’autres sont encore bien ancrées en moi.

L’idée de mon histoire est venue en observant les filles de ma sœur. Elles avaient 8 ans au moment où j’ai écrit le texte. Je me suis beaucoup retrouvée dans l’une d’elle. Elle traversait une période de « tempêtes émotionnelles ». Elles étaient très souvent comparées l’une à l’autre dans leur environnement. Tout comme je l’étais enfant avec ma sœur. C’est très compliqué pour un enfant de gérer son ressenti lorsqu’une personne extérieure lui pose une étiquette comme : « tête en l’air » , « lente », « timide », « maladroite ». Ce sont des mots qui, utilisés pour définir le comportement d’un enfant, deviennent, au fur et à mesure, des maux difficiles à guérir.

En faisant cela, sans s’en rendre compte, on enferme l’enfant dans un piège, dans un comportement qui lui collera à la peau toute sa vie et qui touchera son estime de soi. Cela va l’ empêcher de se découvrir réellement et de voir quels sont les potentiels qu’il a en lui. Je me suis souvenu de ce que j’avais pu ressentir lorsque j’étais enfant dans des situations similaires. C’est un mélange de mal-être et d’incompréhension. On se sent nulle, et on a l’impression qu’on ne va pas y arriver. Pourquoi cela semble si facile pour les autres et pas pour moi ?

Expliquez-nous votre titre ?

C’est l’histoire d’une petite fille qui s’appelle Alice et qui éprouve des difficultés à retenir la chorégraphie pour le spectacle de l’école. Son amie lui a fait une remarque et cela a fait beaucoup de peine à la jeune fille. Le papa bien décidé à lui redonner le sourire va lui faire comprendre que l’on a tous en nous du potentiel. Il va lui dire que lui aussi à son âge avait rencontré des difficultés similaires et que sa maman l’avait beaucoup aidée. Il va évoquer ses souvenirs d’enfance et lui expliquer que sa maman lui avait offert un matin, un petit cadeau qui avait changé sa vie. C’était un bracelet aux couleurs de l’arc-en-ciel. Chaque perle renferme en elle de multiples potentialités. Toutes les perles s’activent chez tout le monde, mais certaines couleurs sont plus puissantes chez certaines personnes. Le bracelet va permettre de voir toutes les belles choses que l’on a tous en nous. Il sait ce dont on a besoin, il nous donne les ressources et l’énergie nécessaire pour découvrir nos forces et nos capacités. Il va ainsi nous permettre d’écouter nos « murmures intérieurs » et révéler la magie qui sommeille en chacun de nous.

Chaque couleur nous emmène dans un univers et l’on découvre à chaque fois une intelligence différente. Cela nous permet d’ouvrir les yeux sur le potentiel de chacun.

Qu’est-ce que les intelligences multiples ?

Howard Gardner est un psychologue Américain, spécialiste du développement et Professeur de sciences de l’éducation à l’Université d’Harvard et de neurosciences à Boston. Il considère que l’intelligence ne peut être mesurée et quantifiée et s’oppose donc au test du Q.I. Selon lui, l’intelligence s’évalue autour de 3 composantes: - un ensemble de compétences qui permettent à un individu de résoudre des problèmes rencontrés dans la vie courante ; la capacité à créer un produit réel ou à offrir un service qui ait de la valeur dans une culture donnée ; l’aptitude à identifier les problèmes et à leur trouver des solutions.

En 1983, il suggère qu’il existe plusieurs types d’intelligences chez l’individu et en définit 8 formes qui stimulent le potentiel humain dans différentes directions. Elles sont présentes en chacun de nous dès l’enfance. En quelques mots, nous avons l’intelligence visuo-spatiale qui est l’univers des images et du visuel sous toutes les formes, l’intelligence naturaliste qui est l’univers de la nature, l’intelligence verbale-linguistique qui nous est l’univers des mots, l’intelligence kinesthésique qui est l’univers du corps, l’intelligence logico-mathématique qui est l’univers des la logique, des mathématiques et des sciences, l’intelligence musicale-rythmique qui est l’univers des sons, l’intelligence intra-personnelle qui est son univers intérieur, et enfin l’intelligence inter-personnelle qui est l’univers qui nous relie aux autres. Dans les années 90, il ajoute l’intelligence existentielle qui est la capacité à s’interroger sur la vie, la mort et le sens de la vie.

Qui sont ceux qui ont participé à ce projet?

Au début du projet, j’ai bénéficié d’un accompagnement réalisé par de très belles personnes chez « Nuyko ». Ce service est gratuit et vise à épauler les entrepreneurs souhaitant créer leur entreprise aux Luxembourg. Ils m’ont aidé à clarifier mes objectifs et à définir les moyens d’y parvenir. J’ai choisi de collaborer avec Maud Roegiers pour les illustrations du livre. C’est une personne incroyable et tellement talentueuse ! Elle m’a beaucoup aidé et conseillé dans toutes les étapes de réalisation. J’adore son univers. Elle arrive par ses illustrations à nous transporter dans la magie de chaque histoire et nous procure de l’émerveillement, de l’émotion et de la légèreté là où les mots sont plus difficiles. Pour l’impression des kamishibaïs, des marque-pages et des goodies, j’ai choisi de collaborer avec Michel Kieffer. C’est le gérant des Éditions MK67, maison d’Édition Jeunesse spécialisé dans le kamishibaï pour la Petite Enfance (0-7ans). Enfin, mon entourage a été d’un grand soutien. Ma soeur et ses filles ont été attentives à chacune de mes versions proposées. J’ai rencontré de merveilleuses personnes sur mon parcours qui m’ont aidée et encouragée dans mes actions. Camille Morlet m’a dessiné un joli logo pour ma future entreprise. Je profite de ces quelques lignes également pour remercier Rachid qui m’a toujours épaulé dans les jours gris.