La transition éco(no)logique
Laurent / Publié le 10:45 04.11.2022 | 02 min
Les voitures électriques, une solution idéale… à quelques conditions. Un pari pris par l’Union européenne, qui a décrété qu’en 2035, plus aucune nouvelle voiture avec moteur thermique ne devra être vendue. A l’heure actuelle, difficile d’imaginer que la majorité de la population opte pour ce type de véhicule. Cette voiture est-elle vraiment si “verte”? En théorie, le projet a tout pour plaire. En pratique, on est bien loin d’être aussi optimistes que les élus européens qui viennent de prendre ces décisions. Pour certains, on va droit dans le mur avec ce ‘tout à l'électrique" qui a un coût. Et non des moindres.
L’inflation que l’Europe subit actuellement va d’abord faire place à une période de récession; les prix de l’énergie flambent, les tensions entre les grandes puissances mondiales dictent la voie à la vieille Europe. Il est difficile de prédire ce qu’il se passera d’ici 2035, mais de ce que l’on peut voir, les batteries ne diminuent plus en prix. Au contraire, elles augmentent. Le Luxembourg connaît déjà une crise sans précédent au niveau du logement, on n’ose imaginer ce qu’il peut se passer si tous les citoyens doivent, en plus, investir dans un véhicule électrique qui coûte actuellement plus cher qu’thermique. De plus, la plupart des matériaux et des batteries qui en résultent sont produits en dehors de l'Europe. “A l’image de la dépendance au gaz russe, nous aurons ici une dépendance aux batteries chinoises", certifient les spécialistes.
Commission européenne
Qu’en est-il de la pollution engendrée par le recyclage des batteries ? Différentes solutions existent pour limiter la pollution au maximum, une fois celle-ci en fin de vie. Extraire le lithium, le nickel, le cobalt ou encore le graphène nécessaires à la construction des batteries implique le déploiement d’engins lourds. Ensuite, il faut broyer ces minéraux puis séparer les composants. Et donc, on va avoir beaucoup de pollution et des effluents miniers. Ces impacts, on ne les voit pas, mais ils sont énormes au niveau environnemental. La tendance que l’on observe sur le marché, c’est que de plus en plus de SUV se retrouvent sur les routes. Le problème, c’est que plus un véhicule est massif, plus sa batterie est importante. Plus de matériaux, donc une pollution accrue. Par ailleurs, l’Agence américaine de protection de l’environnement insiste sur le fait que le bilan carbone d’une voiture électrique dépend de la région ou du pays où elle a été rechargée. Le bilan sera plus lourd dans des pays comme la Pologne ou des pays asiatiques qui produisent une part importante de leur électricité à partir de charbon que dans d’autres pays (France-Belgique-Luxembourg par exemple) où la production d’électricité dépend majoritairement du nucléaire.
A l’image de la dépendance au gaz russe, nous aurons ici une dépendance aux batteries chinoises
La transition énergétique implique une restructuration profonde des infrastructures. Si on peut concevoir que l’idéal pour chaque utilisateur est d’avoir une borne de recharge à portée de main, quid des occupants des appartements? Des immeubles qui comportent des centaines de voitures, garées un peu partout autour du bâtiment, faute de place. On pense à ces banlieues, à ceux qui logent en ville et qui se parquent à 500 mètres de chez eux, par manque de place. Mais le monde en a connu d'autres. N’est-on pas passé du cheval à la voiture, de la bougie à l'électricité, etc.?
Quid des grands pollueurs, que sont les USA, la Chine et la Russie pour ne citer que les plus connus. Et les camions, porte-conteneurs ou avions ? La voiture électrique a un rôle, mais c’est surtout un changement modal vers le train et les autres transports publics qui sera le moteur vers la diminution de CO2. Pour l’heure, on ne trouve pas énormément de points positifs dans cette décision politique et tous espèrent qu’elle ne va pas augmenter la fracture sociale. L’Europe ne représente finalement qu’une petite partie de cette planète bleue. Elle est certes pionnière, et sans aucun doute exemplaire en matière d’initiatives environnementales. Mais se donner bonne conscience, sans avoir toutes les cartes en main pour arriver à concrétiser un projet aussi ambitieux, est-ce finalement bien raisonnable?